Les progrès de l'organisation du travail pendant la guerre. (les Usines Renault) INTRODUCTION I)Des avancées techniques et un savoir faire source de modernité : A : Entre taylorisme et fordisme B : Renault, une entreprise moderne ? II)Un progrès partout présent ? A : Dans le domaine industriel assurément… B : mais rare voir absent au niveau social ! CONCLUSION |
INTRODUCTION: Renault, hier le rêve d'un homme : Louis Renault, biographie, est aujourd'hui devenu une firme automobile reconnue mondialement tant par ses modèles que par ses prestations en Formule 1 ou en rallye. Cette entreprise a su s'imposer malgré les nombreuses périodes de crises qu'elle a traversées depuis l'année de sa création et de son implantation au lieu qui deviendra célèbre pour le coup : Boulogne-Billancourt, en 1898. Deux guerres et plusieurs crises économiques n'ont fait que renforcer cet empire commercial car bien que le produit premier des usines de Billancourt soit l'automobile, Louis Renault en patron surpuissant et en grand orateur qu'il était, a su rediriger et adapter ses productions face à la demande : ainsi l'on a vu sortir des chaînes de production parisiennes des moteurs d'avions, des obus, et même des tanks ou des camions. Mais Louis Renault a su plus que tout marquer l'histoire se son nom. Ce texte s'avère être une note relative à l'organisation du travail de l'usine, écrite par Louis Renault à destinations de ses employés le 30 août 1918 soit peu de temps avant la fin de la première guerre mondiale. Il a pour but de stimuler et d'améliorer la production dans un pays où tout est à reconstruire. Cet écrit, publier par Fridenson en 1972 dans son livre Histoire des usines Renault, nous invite à nous interroger sur les réelles avancées techniques dans la production et la standardisation. De même, si Louis Renault s'inquiète de son rendement en oublie-t-il pour autant ses employés humains ? Dans le but de trouver réponses à nos questions, nous énumérerons de manière ordonnée les différents progrès techniques afin de les expliquer, puis nous verrons si l'on peut réellement parler de progrès dans un monde en sortie de guerre dans lequel les revendications sociales deviennent prépondérantes. I)Des avancées techniques et un savoir-faire source de modernité :
Inventée par l'ingénieur américain F.W Taylor, la taylorisation s'avère être une méthode dont le principal but est d'accroître la production grâce notamment a un gain de temps et une limitation des coûts. " The one best way ", fondé sur la séparation des tâches de conception et d'exécution, est l'œuvre la plus connue de Mr Taylor : c'est l'organisation scientifique du travail. Le taylorisme consiste également en un découpage des tâches productives en gestes élémentaires simples qui pourront être rigoureusement contrôlés : il supprime ainsi la flânerie des ouvriers. Tout au long du texte, cette taylorisation se retrouve dans les propos de M.Renault : " depuis l'étude même des diverses méthodes, la standardisation des éléments devant entrer dans ces études, la standardisation des dimensions des pièces, depuis les études d'outillage et les gens par lesquelles elles doivent être faites en tâchant de n'employer que des outils standards, études faites en envisageant le meilleur rendement dans une fabrication de série, depuis les outillages qui doivent être étudies, tout en étant précis, aussi simple que possible et dans les meilleures conditions d'établissement et d'exploitation… "(l.8à16) . Ce passage résume à lui seul l'application des nouvelles méthodes de travail par Louis Renault dans ses usines. La Taylorisation est traduite chez ce dernier à travers plusieurs points : tout d'abord, au niveau de la justesse des commandes de matières premières nécessaires à la production et ses soucis de ne rien perdre : " depuis la question des ordres de mise en fabrication de la direction (=le conseil d'administration décide de la direction à donner à la production)à l'atelier et en approvisionnement (=achat des matières premières permettant la production), les méthodes employées pour la passation des commandes aux fournisseurs, discussions des prix (=on joue sur la concurrence), surveillance des rentrées et vérifications des loupés (=on surveille la qualité des marchandises intermédiaires achetées dans le but de produire de bons produits finis) "(l.4à7) et plus loin : " depuis toutes les méthodes qui devraient être employées pour la vérification rationnelle (=logique de vérification gouvernée par le raisonnement et l'efficience, recherche d'un objectif à moindres coûts, selon des procédures logiques et par le calcul), la mise au rebut, les réemplois possibles ou non (=toujours dans un but de minimiser les pertes) " (l.40à42) ; ensuite, la taylorisation se retrouve dans la mise en place de tout un calcul en amont de la production et de la gestion du temps, des outils et des machines : " depuis les études de prix de revient dont les premières remontent déjà à loin, peut-être à dix ans et qui ont été faites d'une façon extrêmement méthodique(…sur les meulages, les vitesses de coupe des différentes machines de l'usine, pour le fraisage, sur les prix des pièces de série et hors série, soit en établissant ces prix par la décomposition du travail en éléments simples pour lesquels toutes les données d'usinage se trouveraient dans les études qui ont permis d'établir les meilleures conditions de travail " (l.17à23) ; enfin, Louis Renault explicite au plus au point le but recherché par la taylorisation à savoir : " études faites en envisageant le meilleur rendement dans une production de série " (l.12à13) .En résumé, Louis Renault invoque l'utilisation d'une méthode simple et rationnelle basée sur le rendement. Mais Louis Renault se rapproche également de certaines idées du fordisme, méthode de production développée par Henry Ford, à partir de la Première guerre mondiale, prolongeant et dépassant le taylorisme ; sa stratégie de développement de l'entreprise repose sur une mise en valeur de la production de masse associée à une politique de salaires élevés, de par ses chaînes de productions modernes, et bien que peu développe dans cet extrait, la valorisation du travail de ses employés : " A l'heure actuelle (…) à la portée de tous le fonctionnement des divers services " (l.50à fin) .
Très tôt, Louis Renault s'est mis en tête de révolutionner le monde industriel, ce qui lui à d'ailleurs value les honneurs de la république pour son effort de guerre, apportant de nouvelles techniques de travail et tout un nouvel effort en amont de la production (l.5à8) et : " depuis les études de prix de revient (=prévisions des profits sur une production précises) " (l.17) . Les usines Renault sont donc très ancrées dans le monde économique libéral et de ce fait en tirent tous les avantages grâce notamment à la concurrence mise en place par la seule loi du marché (=loi de l'offre et de la demande) dont elles profitent auprès de leurs fournisseurs. Mais ce point est loin de suffire lorsqu'il s'agit de percer dans un secteur aussi institutionnel que l'est l'industrie. Acheter des matières premières n'est pas tout, il faut pouvoir les acheminer, les stocker à proximité pour ensuite pouvoir les utiliser dans de brefs délais réduisant ainsi les coûts de production, et enfin il faut pouvoir vendre les produits finis ! Pour répondre à ces divers problèmes, le site de Boulogne-Billancourt fut choisi. Près d'une voie d'eau : la Seine et l'île Seguin, relié à la voie ferrée des la sortie de la grande guerre, et enfin ce site est tout à la fois proche d'une grande ville : Paris, centre de consommation, et situé en rase campagne (à l'époque) en prévention d'une quelconque expansion, la superficie des usines Renault sera multipliée par environ 2000 en trente ans. L'expansion et la diversification économiques de la firme demandant de nouvelles chaînes de productions et de nouveaux entrepôts de stockage. Enfin Louis Renault s'inquiète beaucoup pour ses ventes comme nous le prouve : " jusqu'à la terminaison en essais et en livraisons… " (l.49à50) . Les Usines Renault sont dirigées d'une main de maître et d'un œil de lynx. Les entreprises Renault de Boulogne-Billancourt sont donc assurément des usines modernes tournées vers l'avenir, mais comme trop souvent nous ne pouvons que nous demander si modernité rime ici avec progrès techniques et/ou social… II)Un progrès partout présent ?
Louis Renault a certes fait entrer le progrès dans ses usines de par des initiatives personnelles comme ses propres innovations technologiques permettant par exemple d'accélérer les productions d'obus tout en renforçant le produit. (il sera d'ailleurs décorer et pris dans le cabinet du ministre de la défense). Les usines Renault ont su s'imposer comme leader de l'industrie française, écrasant leur seul véritable rival : citroën. Tout ça grâce à un seul produit, Louis Renault a tiré vers l'avant des milliers d'entreprises françaises productrices d'aciers, de charbon, de bois, d'hydrocarbures, et a grandement favorisé la recherche dans les domaines électrique, pétrochimique, physique, chimique ou encore mécanique…Mais au-delà de tout ceci, l'ère Renault à permis à la France de réussir sa rentrée dans la seconde révolution industrielle. L'empire de Billancourt est devenue le cœur d'une France très industrialisée dans les années 20 d'où l'expression d'époque : " Quand Billancourt éternue, la France s'enrhume "qui montre à quel point le fief Renault était le "moteur" de la France de l'entre deux guerres.
En effet, tout au long du texte, Louis Renault, issu de la haute bourgeoisie parisienne, ne nous fait part que de problèmes techniques à améliorer, de problèmes économiques qu'il faut résoudre…et ce n'est qu'en toute fin de l'extrait qu'il s'intéresse à la question humaine : " A l'heure actuelle une quantité de gens font une besogne qu'ils ne comprennent et que souvent ils croient inutile, par conséquent qu'ils ne font pas avec grand intérêt…Il serait intéressant que dans chaque service tout le monde s'organise et essaie de mettre en lumière et à la portée de tous le fonctionnement des divers services. " (l.50à fin) . Mais a firme Renault, se fut surtout le bastion de la CGT et l'ennemi des communistes. Louis Renault en grand capitaliste ne pouvait qu'apparaître comme un mangeur d'homme préférant les bénéfices à la vie de ses employés. A une époque où le chômage était menaçant il a su en profiter pour accroître sa production. Les méthodes de travail américaines lui ont même donner envie de pousser à bout leurs possibilités : " depuis tous les temps de montages, de démontages qui ont été soigneusement étudiés, les temps des avances et reculs des chariots, des manœuvres des contre-pointes, des manœuvres des tourelles, depuis les expériences relatives aux démonstrations et aux chronométrages dans les ateliers… " (l.24à29) preuves que Renault a su pousser ses productions au rendements maximum mais aussi qu'il a réduit aux rang d'esclaves des milliers d'employés de ces nombreuses usines de par le monde. CONCLUSION : Louis Renault a su s'inspirer de bien belle manière des techniques et méthodes de productions américaines telles le taylorisme et le fordisme. Il a su les associer à son envie et à son génie. Car en effet, il en fallait du génie pour supporter guerres et crises économiques sans jamais courber l'échine mais au contraire toujours vise plus haut. Variant et adaptant sa production, des obus aux moteurs d'avion en passant par les tanks, les camions et bien sur les voitures, aussi rapidement que les changements de la demande. La firme Renault a pleinement profité du souffle de vie que lui a insufflé son créateur et a ainsi pu passer du vulgaire petit garage de banlieue parisienne à la multinationale reconnue par tous et multipliant les succès commerciaux : depuis sa voiturette de type A à la dernière génération d'espace en passant par les célèbres Alpines, 4chevaux, Nervastella, et plus récemment Clio ou Laguna…sans oublier ses passages couronnés de succès en Formule 1 et en rallyes. Très attaché aux valeurs morales, Louis Renault a propulsé son entreprise sur la voie dorée de la gloire, mais cette gloire s'est trouvée entachée du fait de la collaboration de Louis Renault et la terrible " affaire des chars " qui s'en suivit et qui ne sera entérinée que le jour de la nationalisation des usines Renault et la mort de son fondateur courant octobre 1944. |
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